recherche
Grâce à mon master en science politique, mention relations internationales, j’ai commencé à développer une recherche pluridisciplinaire et des liens avec le Chili. Mon mémoire de master portait ainsi sur l’internationalisation des Mapuche et tentait de montrer comment leur mobilisation internationale produit une diversité de formes d’appartenance. J’ai créé une bibliothèque partagée Zotero sur les études mapuche.
Ce premier projet de recherche m’a amenée à réaliser deux séjours au Chili : le premier était un stage professionnel au ministère chilien des Affaires étrangères, et le second un séjour de recherche à Temuco, dans le but d’interviewer différents acteurs mapuche ou en lien avec eux. Ma recherche doctorale a débuté en 2018 avec la poursuite de l’étude des Mapuche, bien que j’aie élargi la perspective en intégrant le cas de la Bolivie et des Aymaras dans l’analyse. J’ai conservé dans ma thèse de doctorat l’approche historique que j’avais entamée dans mon mémoire. Cependant, au lieu de poursuivre la relation entre la construction identitaire et l’internationalisation, je me suis concentrée sur le droit à l’autodétermination afin d’explorer la nouveauté politique que les peuples autochtones introduisent dans ce principe une fois qu’ils se l’approprient. J’ai ainsi approfondi la relation avec l’État et établi un cadre comparatif des cas les plus différents entre la Bolivie et le Chili.
J’ai également insisté sur l’importance de l’arène internationale et de la transformation du droit à l’autodétermination que les peuples autochtones ont obtenue grâce à leur mobilisation. Pour mener à bien cette analyse, j’ai effectué un stage de quatre mois, de septembre à décembre 2019, dans la Section des peuples autochtones et des minorités (IPMS) du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH). J’ai pu y observer la participation des peuples autochtones à l’ONU et contribuer à la formation qui leur est dispensée pour participer dans l’arène juridique internationale. Des voyages en Bolivie et au Chili ont complété ce premier déplacement sur le terrain. De janvier à avril 2020, j’ai pu réaliser plus de 80 entretiens dans les deux pays et consulter des archives de presse afin de recueillir du matériel historique.
Je développe actuellement un projet de recherche sur la valeur contestataire du droit à l’autodétermination et la manière dont il remet en cause la hiérarchie internationale. Pour ce faire, je propose de développer deux études de cas. Premièrement, j’explore les théories de la dépendance et la manière dont elles ont aidé les pays d’Amérique latine à développer leur politique étrangère dans les années 1970. Deuxièmement, j’analyse le droit à l’autodétermination des peuples autochtones en tant que principe d’autonomie politique et la manière dont ils contestent la souveraineté de l’État.
En tant que membre fondateur et co-organisateur du Séminaire sur les approches postcoloniales au CERI de Sciences Po, j’ai développé la capacité de rassembler des chercheurs autour d’un sujet pour lequel il n’existait pas auparavant d’espace académique pour discuter de ces approches. Ce séminaire a donc été pionnier dans ce domaine en France et est aujourd’hui en plein essor. Une bibliothèque partagée Zotero a été créée pour accéder aux références discutées pendant le séminaire et les sessions précédentes peuvent être écoutées en podcast sur la page web du séminaire et dans l’onglet blog.